“Like Following a Mirage”: Memory and Empowerment in Alice Munro’s “The Bear Came Over the Mountain”

La nouvelle “The Bear Came Over the Mountain” d’Alice Munro est une étude sur la douleur, la perte, la trahison et, en premier lieu, une réflexion sur le principe féminin. La nouvelle a attiré l’attention d’autres écrivains – en particulier celle de Jonathan Franzen qui la classe parmi les plus belles réussites de Munro ; ou Sarah Polly qui a réalisé Away from Her, l’adaptation d’un texte fort ambigu. Le présent article souhaite revenir sur cette ambigüité. À première vue, la nouvelle décrit la tragédie d’une femme qui sombre peu à peu dans la maladie d’Alzheimer : Fiona doit apprendre à vivre avec ses défaillances mémorielles et accepter de quitter son foyer. Munro ne se satisfait jamais de présenter le point de vue limité d’un personnage. Elle laisse entrevoir, par le biais de subtiles suggestions, que le choix de Fiona de s’écarter du monde social relève d’un désir de se venger de mari volage. En d’autres termes, cet article suggère que Fiona joue la malade pour reprendre sa vie en main et ainsi échapper à l’amour hypocrite de son époux. De cette manière, la nouvelle devient l’une des illustrations récentes les plus fortes de l’ambition de Munro de décrire les femmes dans leur vie de tous les jours et d’explorer les moyens mis en œuvre pour en améliorer les conditions